Article publié dans la chronique «Les gens» du journal Le Soir le 27 juillet 2010
Il était l'un des plus fidèles alliés de Moscou. Mais les caprices du président biélorusse commencent à irriter le Kremlin, qui cherche tranquillement à l'éjecter du pouvoir. Première étape : la guerre médiatique. Début juillet, la chaîne russe NTV diffuse un documentaire compromettant sur le « Batka » (« petit père »), au pouvoir depuis 1993 dans son ex-république soviétique. Le film rappelle notamment la disparition d'opposants biélorusses à la fin des années 90. Rien de neuf dans les accusations, si ce n'est qu'elles sont diffusées à la télévision russe, contrôlée de près par le Kremlin.
Loukachenko n'a pas mis de temps à comprendre le signal. Mais loin de vouloir calmer le jeu, le bouillant président autoritaire réplique. Quelques jours plus tard, un journal gouvernemental reprend des extraits d'un vieux pamphlet de l'opposition russe sur les magouilles du Premier ministre Vladimir Poutine. Le 15 juillet, Loukachenko frappe encore plus fort : la télévision d'État biélorusse diffuse à une heure de grande écoute une interview du président géorgien Mikhaïl Saakachvili. La bête noire de Moscou en profite pour lancer sa diatribe habituelle contre le Kremlin.
Les relations entre Minsk et Moscou sont au plus bas. Le mois dernier, la Russie a réclamé une dette gazière de 187 millions de dollars. Loukachenko a répliqué en exigeant le paiement de 260 millions de dollars pour le transit du gaz russe destiné à l'Europe. Loukachenko a bien essayé de se rapprocher de l'Occident, mais le très soviétique ex-directeur de kolkhoze n'arrive pas à faire oublier son image de « dernier dictateur d'Europe » à Bruxelles et à Washington.
À l'horizon : la prochaine élection présidentielle biélorusse, au plus tard en début d'année 2011. Si le Kremlin se joint à l'Europe pour dénoncer une autre victoire frauduleuse de Loukachenko, ses jours à la présidence pourraient être comptés...
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