Écrite dans mes lieux de vie casablancais. Enregistrée sur mon balcon du Maârif le 21 avril 2007
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Il y a de ces moments où le futur, même le présent, font peur. Parce qu’ils sont vides. Vides de tout fondement, de tout repère, autre que la personne que l’on est.
Il y a soi, son bagage, et le néant du moment, et le néant du futur, et le néant du passé aussi, parce que tout ce qu’on a pu accomplir avant aujourd’hui ne compte plus quand on a tout laissé tomber sur un débattement de coeur.
Il y a soi, seul, devant une montagne d’inconnu. Et quand il y a la fatigue, la montagne est encore plus haute, parce qu’il y a les trous de courage, les abysses de confiance.
Et sur cet îlot de soi-même, à ce moment précis de notre existence en naufrage ponctuel, on donnerait la seule chose qui nous reste, notre tout et notre rien, notre liberté sans limite - ou presque - pour ne plus continuer tout seul.
On voulait tellement y arriver tout seul. On y est arrivé parfois, souvent même. On pourrait probablement, certainement, continuer encore comme ça: bûcher sans relâche pour défricher notre chemin à soi et finir à chaque fois sur les rotules, exténué, mais porteur au bout de nos bras meurtris d’un aboutissement, d’un accomplissement qui ne pourrait pas être plus nous-mêmes.
Oui, on y croit qu’on pourrait continuer comme ça pendant des années. On y croit dans les jours où la volonté, droguée à la confiance et l’espoir, est plus forte que la peur des néants imminents.
Mais la drogue, il paraît que ce n’est pas bien. Ça altère les sens: la volonté d’avancer devient, sans réflexion aucune, plus forte que les attaches, que les sentiments d’être bien, d’être bien à notre place; et on est sans compromis, malgré les autres, pauvres les autres de nous aimer, d’endurer nos «high» et nos «down».
Et quand on arrive au bout de l’effet, on est déjà plus loin, trop loin, et seul. Trop seul. Avec les souvenirs et les cicatrices de nos excès de soi-itude.
Seul avec les néants du présent, du passé et du futur. Et c’est tout ce qu’on mérite, parce qu’on l’avait cherché, même si finalement ce n’est peut-être pas exactement ce qu’on voulait…
***
Mais l’espoir et la confiance finissent par revenir alimenter la machine à excès de soi. Et ils sont (malheureusement?) plus fort que la raison: et on se dit à nouveau que les néants, ce sont des réalités qui attendent simplement qu’on les construisent.
1 commentaire:
Nous vous remercions de intiresnuyu iformatsiyu
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