Article publié dans La Tribune de Genève et 24 heures de Lausanne le 31 août 2009.
A la veille du 70e anniversaire du déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, la Russie et ses ex- satellites s'accusent mutuellement de falsifier l'histoire. En jeu: l'honneur national de chacun, mais aussi d'éventuelles compensations financières.
Hier, le président russe Dmitri Medvedev a fustigé les dirigeants d'Ukraine et des Etats baltes (Estonie, Lettonie, Lituanie), qui, selon lui, veulent faire «des anciens complices des nazis des héros nationaux».
Dans ces quatre ex-républiques soviétiques, le rôle des «partisans» ayant combattu aux côtés des SS contre l'Armée rouge reste sujet à débat. Les nationalistes ukrainiens et baltes estiment que les partisans ont choisi le camp nazi afin de chasser l'occupant soviétique.
Les différences d'interprétation n'ont rien de nouveau. Les blessures de l'Histoire n'ont jamais été refermées.
C'est une résolution de l'Assemblée parlementaire de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), adoptée en juillet, qui aura remis de l'huile sur le feu. Initié par la Lituanie et la Slovénie, le texte a causé un tollé en Russie en mettant sur un pied d'égalité le régime nazi et le stalinisme. La résolution appelle à condamner toutes «les manifestations publiques glorifiant le passé nazi ou stalinien».
Pendant ce temps, à Moscou, une phrase tirée de l'hymne national soviétique louant le Petit Père des peuples refaisait son apparition dans la décoration d'une station de métro...
La Russie voit en ces salves contre le stalinisme une conspiration occidentale pour minimiser le rôle de l'URSS dans la victoire contre le nazisme et, incidemment, saper son prestige dans l'ex-espace communiste. En mai, le président Medvedev a créé une commission présidentielle «de lutte contre toute tentative de falsifier l'histoire au détriment des intérêts de la Russie».
La télévision d'Etat, contrôlée de près par le Kremlin, ne s'empêche toutefois pas, elle, une réécriture des événements. Un documentaire diffusé le 23 août, laisse entendre que le Troisième Reich aurait comploté avec la Pologne pour envahir l'Union soviétique.
Les Polonais ont été indignés par ces allégations. Ce qu'ils attendent de la Russie, c'est plutôt la réhabilitation des milliers d'officiers polonais assassinés par les Soviétiques en 1940 et des compensations financières pour leurs descendants. Un récent sondage indique que 76% des Polonais estiment que l'homme fort de la Russie devrait présenter des excuses pour l'occupation, le 17 septembre 1939, de l'autre partie du pays par l'Armée rouge.
Il est peu probable que leur souhait soit exaucé. «Le premier objectif de cette visite est de s'opposer aux tentatives de réviser l'histoire de la Seconde guerre», a déclaré le conseiller diplomatique de Vladimir Poutine.
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