lundi 22 septembre 2008

La fourrure québécoise réchauffe les Russes

Publié dans le cahier Affaires de La Presse, le lundi 22 septembre 2008

Moscou, Russie

Brigitte Bardot et Paul McCartney auront réussi à convaincre beaucoup de gens en Amérique du Nord et en Europe de renoncer à la fourrure pour se vêtir. Mais en Russie et en Chine, on est beaucoup moins frileux à ce sujet. C'est donc ces marchés émergents que lorgne désormais l'industrie québécoise.

Teresa Eloy a été bien surprise mercredi dernier, à Moscou, de ne voir aucun agent de sécurité lors d'un défilé de mode consacré à la fourrure. «Ici, il n'y a aucun mouvement antifourrure», se réjouit la directrice des communications et du marketing du Conseil canadien de la fourrure (CCF).

Le lendemain, elle n'avait donc aucune crainte pour le lancement moscovite de la collection Beautifully Canadian, qui regroupe les manteaux de plus d'une cinquantaine de fabricants québécois.

«La Russie est devenue l'un des marchés les plus importants pour les produits de luxe», fait-elle remarquer. À long terme, les manufacturiers canadiens aimeraient donc arriver à y écouler au moins le cinquième de leurs produits.

Zuki Balaila en est déjà à ce stade. Le designer montréalais ne cache pas que la Russie a donné un bon coup de pouce au chiffre d'affaires de son entreprise. «Les Russes m'aiment et j'aime les Russes!» lance en riant celui qui a percé le marché il y a 10 ans avec ses manteaux très haut de gamme.

L'an dernier, l'homme d'affaires Gueorguy Khalbekov a réussi à le convaincre de lui prêter son nom pour ouvrir une boutique dans l'ultra-chic Crocus City Mall, en périphérie de Moscou. Bientôt, une deuxième boutique Zuki devrait voir le jour dans le centre de la capitale.

L'avantage du marché russe, constate Teresa Eloy, est que les nouveaux riches russes "accordent moins d'importance au prix" qu'en Amérique du Nord ou en Europe. La boutique Zuki arrive donc à se faire une clientèle pour ses fourrures, dont les prix oscillent entre 4000$ et 35 000$, gonflés notamment par les taxes d'importation exorbitante (40%) et la cherté du mètre carré en location à Moscou.

Marché prometteur

La collection Beautifully Canadian a aussi été lancée récemment en Chine, un autre marché prometteur. Déjà, le CCF a signé une accord de distribution avec la chaîne White Collar, qui compte 42 boutiques au pays.

Si les Chinois sont déjà des acteurs importants sur le marché de la fourrure, leurs produits sont généralement de qualité beaucoup moindre que ceux des designers canadiens. «Nous allons gagner par le design», croit le ministre québécois du Développement économique et de l'Innovation, Raymond Bachand. C'est lui-même qui a tenu à organiser une activité de promotion de la fourrure québécoise la semaine dernière à Moscou, dans le cadre de la Mission Russie 2008.

«La mode est l'une de nos industries importantes, et nous sommes les leaders de la fourrure en Amérique du Nord», rappelle le ministre.

Sur les marchés émergents, le Québec devra toutefois faire face à la concurrence de l'Italie et de la Grèce pour les produits haut de gamme.

Lors de leur passage en Russie, les représentants du Conseil canadien de la fourrure ont mené une étude de marché pour savoir s'il y aurait également de la place pour les produits québécois de gammes inférieures puisque, en dehors de la capitale, peu de Russes peuvent se payer un manteau signé Zuki.

Qui sait, les célèbres chapeaux de fourrure russes porteront peut-être très bientôt la mention "sdelano v Kvebeke" (Fait au Québec)!

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