mardi 15 avril 2008

Nuit blanche à Moscou pour la sainte Flanelle

Article publié dans le journal La Presse le 15 avril 2008 et sur cyberpresse.ca
Lavoie, Frédérick
Collaboration spéciale

Moscou - Non, Moscou n'est pas hockey. Du moins, ce n'est pas la folie comme à Montréal. Les Kovalev et Markov sont admirés, mais peu de Moscovites sont prêts à passer une nuit blanche pour regarder les Glorieux jouer 7000 km et huit fuseaux horaires plus à l'ouest. Mais on peut toujours compter sur quelques fans finis...

Il était près de quatre heures du matin dans la nuit de dimanche à hier, dans le sous-sol du casino Metelitsa, en plein coeur de la capitale russe. L'écran géant quittait une partie de baseball pour diffuser le match Bruins-Canadien. Les dernières secondes du premier vingt s'égrainaient en faveur de Boston. Les quatre téléspectateurs (cinq avec le représentant de La Presse...), réunis dans l'un des seuls endroits de Moscou retransmettant le match, avaient raté le premier but de Milan Lucic.

À chaque jeu avorté du Tricolore, Mikhaïl Melnikov lance un juron en russe, qui fait habituellement référence au plus vieux métier du monde.

Lorsque Tom Kostopoulos enfile laborieusement la rondelle dans le filet de Tim Thomas en deuxième période, son collègue Kiril et lui lèvent les bras dans les airs. Au travers de son épaisse barbe, Mikhaïl lâche un cri de soulagement. La salle pratiquement vide reste de marbre. Les sons des machines de vidéo-poker demeurent en avantage numérique.

Tatoué depuis 1976

Mikhaïl Melnikov n'est pas un partisan des Habs de la dernière pluie. Aucun lien avec la présence d'Andreï Markov et Alex Kovalev dans l'alignement. "Je l'étais déjà sous Dryden!" lance-t-il.

En fait, Mikhaïl Melnikov a la sainte Flanelle tatouée sur le coeur depuis le 1er janvier 1976. Très précisément. Ou plutôt, le 31 décembre 1975, heure de l'Est, et le lendemain, heure moscovite.

Il était aussi 3h du matin à Moscou cette nuit-là, lors de la mise au jeu initiale du troisième match de la Super série, disputé au Forum de Montréal. En tournée dans la LNH, le CSKA de Moscou visitait le Canadien. Le jeune "Micha", alors âgé de 9 ans, avait eu la permission de passer la nuit blanche avec son père pour regarder la partie.

"En Union soviétique, on ne diffusait pas les matchs de la LNH à la télévision, et là on avait une chance de les voir. Ça a été un cadeau grandiose pour le Nouvel An", se remémore celui qui est devenu commentateur de hockey sur la chaîne de télévision privée NTV-Plus.

Il aura par la suite dû attendre près de deux décennies pour revoir ce match, qui s'était conclu par un verdict nul de 3-3. "La télévision soviétique avait effacé les cassettes." À la chute de l'URSS, Mikhaïl Melnikov a pu se procurer les enregistrements canadiens. Il les conserve toujours et regarde encore à l'occasion cette collision frontale entre les styles de jeu soviétique et nord-américain, qui l'a marqué à vie.

"Ici, on considère que c'est le meilleur match qui a été joué au XXe siècle, explique-t-il. Ceux qui ont été éduqués en regardant ce match prennent pour Montréal. Nos meilleurs commentateurs sont tous pour Montréal."

Mikhaïl Melnikov estime que pour la "première fois en six ans", le Canadien peut prétendre aux grands honneurs. Il note que "sans Koivu, Kovalev est devenu l'un des leaders. Avant, il n'aimait pas travailler, et maintenant il est l'un des meilleurs. Cette saison, il a joué avec des jeunes et c'est à ce moment qu'ils ont commencé à bien jouer", analyse-t-il, ajoutant que Kovalev est très apprécié des journalistes russes non seulement pour ses talents, mais pour sa personnalité.

Le mois prochain, Mikhaïl Melnikov se rendra pour la première fois au pays des Habitants. Il couvrira pour le journal Gazeta le Championnat du monde de hockey, disputé à Québec et Halifax. Avec un peu de chance, il pourra peut-être prolonger son séjour et participer au défilé de la victoire sur la rue Sainte-Catherine...

2 commentaires:

Anonyme a dit...

Salut Fréd

As-tu assisté à un match du Dynamo ou du TsSK?

Je me demande s'il y a quand même une certaine frénésie...

Fredotchka a dit...

Non, et la saison est terminée déjà, à ce qu'on m'a dit...
Bonne chance avec ton blogue!