Portrait publié dans le journal Progrès-Dimanche (Saguenay) du 13 avril 2008
Lavoie, Frédérick
Collaboration spéciale
MOSCOU - En débarquant en Russie en septembre dernier, François Dubé s'attendait bien à reconnaître son Saguenay natal dans les paysages du plus grand pays du monde. Mais il ne pensait pas faire autant de parallèles entre les défis de sa région, de sa province et ceux des Russes.
C'est avant tout "pour apprendre le russe" que l'étudiant de 22 ans a décidé de venir étudier huit mois au Centre Moscou-Québec, rattaché à l'Université d'État des sciences humaines de Moscou (RGGU). "En science politique, ce serait ridicule d'affirmer connaître un pays sans en connaître sa langue," dit celui qui a déjà complété deux années de baccalauréat dans cette discipline à l'Université Laval. Il loge gratuitement aux résidences de la RGGU, en échange de quoi il enseigne le français à des étudiants russes.
François s'intéresse particulièrement au sort des minorités ethniques dans la Fédération de Russie, faisant un parallèle avec celui des Québécois dans le Canada. Il compte d'ailleurs écrire une thèse de maîtrise sur le sujet. "Même si nos peuples sont différents, on fait face aux mêmes défis, dont celui de conserver sa langue."
Il s'étonne ainsi que le Québec n'ait jamais développé de liens avec les régions russes. "On a une expertise en matière de minorités et on ne cherche pas à l'exporter!" s'étonne-t-il, assurant qu'il compte bien changer les choses à ce sujet au cours des prochaines années.
Depuis son arrivée en ex-URSS, François a passé des journées et des nuits entières en train ou en autobus pour aller à la rencontre des peuples minoritaires ossète, daghestanais, et tchouvache. "Tu as beau lire des millions de textes, c'est en parlant avec les gens que tu peux vraiment comprendre [un pays]", est maintenant convaincu l'ancien élève du Séminaire et du Cégep de Chicoutimi.
Pour se rapprocher de ces peuples, François s'est même inscrit à des cours de langue tatare (proche du turc), parlée par l'une des plus importantes minorités du pays. Selon lui, le Québec a aussi beaucoup à apprendre des Tatars, qui ont su "s'affirmer en tant que peuple" pour ensuite négocier leur statut "d'égal à égal" dans la fédération, lors de l'éclatement de l'Union soviétique en 1991.
François parle avec passion d'un récent voyage en République de Tchouvachie, où dans de petits villages, il a rencontré de vieilles grand-mères et de jeunes enfants qui parlaient encore leur langue maternelle, "malgré 70 ans de communisme" et la mondialisation. "Ils écoutent Britney Spears, mais ils parlent encore tchouvache!" lance-t-il.
Au Saguenay comme en Russie
Dans les régions russes, François a aussi un peu redécouvert la sienne. "J'adore Moscou, mais ce n'est pas ma ville. Je m'identifie plus aux régions russes, aux villages, qu'aux grosses villes industrielles."
Il a également noté qu'en Russie, les populations éloignées des grands centres sont aux prises avec le même défi que celles du Québec : les ressources sont exploitées chez eux, mais les richesses s'accumulent dans les grandes villes. "Tu en prends conscience ici, parce que [l'écart] est plus grand," dit François, le deuxième des quatre enfants de Ghislain Dubé et Hélène Grégoire.
Même s'il se dit très "attaché" au Saguenay, François n'entrevoit pas son avenir dans la région "telle qu'elle est maintenant." "On doit prendre conscience qu'il faut un meilleur leadership pour le développement de nos régions," soutient-il.
Selon lui, la faute revient aux "élites régionales" qui ne favorisent pas l'ouverture de la région sur le monde et découragent ainsi les jeunes Saguenéens branchés sur la planète à revenir y investir leur savoir et savoir-faire.
1 commentaire:
Bonjour! Je me nommes Olivier et ton parcours m'impressionne, par ailleurs j'ai une passion pour la culture russe et jai comme but de l'etudier, j'habites la grande region de montreal et je me demandais si tu connaissais un College ou ils enseignent la langue et l'alphabet .. Malgres des recherches je n'ai trouve aucun programme.
le_toaster@msn.com
MERCI!
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