lundi 4 février 2008

Chronique d’errance # 12 : L’errance chronique



Écrite entre deux appartements moscovites...

C’est une errance chronique, alors je chronique l’errance. Deux pieds qui se cherchent continuellement un nouveau sol à fouler, à sentir, à ressentir. Deux pieds dirigés par une âme compromettante, sans compromis.

Ils ont bien essayé de s’enfuir du perpétuel vagabondage, s’enfuir à coup de routine, de nid douillet, mais ils finissent toujours par partir. Lorsque ce ne sont pas eux qui choisissent l’errance, c’est elle qui semble les forcer à respecter une sorte de destinée inévitable. C’est difficile à croire qu’on n’est pas tout à fait maître de son sort lorsqu’on a justement choisi comme mode de vie le vide à remplir de la liberté sans frontières (ou si peu). Mais il semble bien que ce soit le cas. Comme si malgré soi, on était constamment traîné vers ce futur embrumé, où chaque pas est un coup de dés, parfois saut dans le vide, parfois tremplin vers le haut.

L’errance chronique nous inspire. Mais expirera-t-elle? Parce qu’elle exaspère parfois, entre deux espérances, l’une comblée, l’autre déçue.

Les pieds s’usent, à changer constamment de port. L’âme se déshydrate en altitude. L’angoisse a le vertige, à en perdre le fil de ses raisons d’existence.

Est-ce la souffrance de l’inconfort ou le confort de l’avancement continu qui doit dominer? On finit par se dire qu’on ne pourrait probablement pas vivre autrement, de toute façon.

Nos deux pieds, ces éternels quitteurs de nulle part vers un autre. Peu importe le chemin emprunté, il leur restera toujours à parcourir l’infini vers l’accomplissement de soi. Ça fait peur, mais c’est rassurant en même temps de savoir qu’on est sans fin.

1 commentaire:

Anonyme a dit...

Fred,

On n'a certainement pas le même "background" mais ces écrits me touchent particulièrement et me laissent à penser sérieusement sur mon avenir de travailleur à l'étranger.

Merci.

Nico Tremblay
La Paz, Bolivie