samedi 5 mai 2007

Des dangers de la justification par Dieu

CASABLANCA (Maroc) - «Que veut Dieu?» C’est certainement la question la plus dangereuse pour l’Humanité. En terre d’Islam comme en terre chrétienne, juive ou autres. Pas de différence. Si ce n’est dans le degré de soumission à cette Volonté selon l’intensité de la ferveur religieuse d’un pays.

Heureusement, toutes les religions – celles que je connais du moins – sont fondées sur des valeurs de respect, de paix, de tolérance, de pardon, de partage et d’amour. Des valeurs qui deviennent des principes immuables, universels et qui devraient faire du monde un paradis.

Il y a ces principes... et il y a la difficulté de les appliquer dans un monde réel de besoins vitaux, de peur de l’autre, de pulsions et d’impossibilité à comprendre exactement le monde à lui communiquer ce que nous sommes.

Il y a ce monde réel donc qui nous pousse à la question «Que faire?» devant chaque dilemme humain, devant chaque situation qui exige une réponse ou une action et même, devant chaque sentiment à assouvir. Tout cela évidemment à une échelle émotionnelle plus ou moins grande, devant des enjeux plus ou moins importants.

Pour le croyant, soumis aux lois d’un Être plus important, plus juste et meilleur que lui-même, la question devient ainsi «Que veut Dieu?» Cette question est dangereuse, même si dans la majeure partie des cas, elle poussera probablement le disciple à opter pour les principes religieux. La Volonté de Dieu permet à beaucoup d’humains, particulièrement ceux en manque de repères sociaux, de conserver une éthique de vie et d’ainsi contrôler certaines pulsions qui pourraient les pousser au vol, à la violence à l’inhumanité. Parce que quand «chien affamé n’a plus de loi», on peut toujours espérer qu’il reste celles d’un Dieu bon qui gardera son fidèle sur le chemin de la paix.

Je l’observe aujourd’hui en Terre d’Islam, mais ça aurait pu être ailleurs. Dans d’autres pays en développement qui ont opté pour le christianisme, ou même dans des pays développés comme les États-Unis, où la religion continue d’occuper une place importante dans la compréhension du monde de ses citoyens.

«Que veut Dieu?» est dangereuse parce que la réponse vient rarement autrement que par un raisonnement humain de base, opéré par le fidèle lui-même ou par un guide spirituel, et surtout, dangereuse parce que cette réponse devient absolue. Absolument indiscutable. Même s’il s’agit pourtant d’une interprétation humaine dans un contexte particulier de la Volonté d’un Dieu censé être plus grand, plus juste que nous tous et que différents «interprètes» en arrivent étrangement à des réponses différentes. Comment ose-on décréter quelle est la Volonté du «boss» et la rendre indiscutable sans avoir pu obtenir des explications de lui directement? Dans le doute, on devrait au moins s’abstenir d’avoir le culot de rendre indiscutable ce qui a nécessité une interprétation...
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Certes, je me rassure quand j’entends un chauffeur de taxi marocain condamnant vivement les kamikazes qui se sont faits exploser à Casablanca, parce que «Dieu n’accepte pas ça». Mais je serais encore plus rassuré s’il les condamnait par un simple raisonnement humain. L’interprétation de la Volonté de Dieu a trop souvent conduit des humains – catholiques, musulmans ou autres – à se faire exploser ou à tuer en son Nom.

Quelle différence entre ceux qui tuent ou se tuent pour Dieu et ceux qui le font par raisonnement humain? Le raisonnement humain est discutable entre humains de raison. La Volonté de Dieu est une certitude absolue et incontestable par l’humain, alors qu’il ne s’agit pourtant que d’une interprétation de cette présumée Volonté du Tout-puissant.

La preuve? Le chauffeur de taxi et le kamikaze ont des interprétations différentes de cette Volonté, mais les deux sont dans une logique de certitude indiscutable. Et encore plus: selon le chauffeur de taxi, Dieu condamne le kamikaze de Casablanca, mais pas celui d’un café de Tel-Aviv ou d’un poste de contrôle américain de Baghdad.

1 commentaire:

Unknown a dit...

Bonsoir,

Ou là là là là.... Ce que veut Dieu, lui seul pourrait le dire, parce qu'effectivement, comme tu le dis, quand c'est l'humain qui le décide... pas certaine que ce soit toujours sa volonté! Certains ou certaines choisissent souvent ce qui les accomodent le mieux!

Bon samedi soir!