jeudi 6 mars 2008

Lorsque la propagande gouvernementale mordve m'utilise...

Dimanche dernier, jusqu'à preuve du contraire, j'étais le seul journaliste étranger à couvrir l'élection présidentielle russe à partir de la petite république de Mordovie. La capitale Saransk se trouve à 640 km à l'est de Moscou.

Il semble que mon passage a beaucoup attiré l'attention: agents des services de l'immigration venus contrôlés mes papiers dans la chambre d'hôtel la veille du scrutin (comme pour tous les étrangers, ont-ils précisé); agent du FSB (services de sécurité) au bureau de scrutin qui me demande des informations; journaliste de la télévision locale (contrôlée par le gouvernement) qui faisait le pied-de-grue près de la gare sous la pluie, dans la boue, à la noirceur, pour avoir mes commentaires sur l'élection. Pauvre de lui, il ne les aura pas eu. Je ne m'étais même pas aperçu au départ, ne pensant qu'à mon train, que la lumière derrière moi était celle d'une caméra et que l'homme qui me posait des questions, aussi derrière moi, était journaliste. Mais lorsque je m'en suis rendu compte, j'ai poursuivi ma route avec un «pas de commentaires»...

Dernière de la série: un article sur moi dans le journal (ultra-pro-gouvernemental) Izvestia Mordoviy (Les nouvelles de Mordovie). En voici la traduction ci-bas. À noter que je n'ai parlé avec aucun journaliste de ce journal. Pas étonnant donc que leurs conclusions reflètent peu mon jugement face au déroulement du scrutin dans la république. L'école #26, c'est justement là que j'ai rencontré le jeune agent du FSB...

Un Canadien venu chercher des violations

Le déroulement des élections en Mordovie n'a pas seulement été suivi par des observateurs. Le jour du vote, le correspondant du journal canadien «La Presse» Friderik Laboie (sic) a visité quelques bureaux de scrutin en compagnie d'un représentant du Parti communiste. Il est premièrement aller au Lycée #26 de Saransk. Au début, il a été surpris de la présence dans l'école de son directeur. Mais lorsque le correspondant étranger s'est fait expliqué que le directeur assurait l'ordre général et le fonctionnement normal des communications dans l'école, alors il a reconnu qu'à la place du directeur, en tant que bon propriétaire, il aurait fait la même chose. Ensuite, il a observé le bureau de scrutin, s'est entretenu avec des électeurs et a noté le très haut taux de participation, alors que les électeurs depuis tôt le matin se rendaient en masse dans les bureaux de scrutin. Par après, l'invité étranger a manger des pâtisseries à la cafétéria et était agréablement surpris de leur bas prix. Ne trouvant aucune violation, Friderik Laboie s'est rendu dans le village de Meltsany du district de Starochaïgovo. Mais là-bas non plus, il n'a pas remarqué de violations.


Version originale en russe ici
Mon article sur l'élection vue de Mordovie ici

À propos du directeur d'école, en effet, je m'étonnais qu'il soit dans l'édifice comme «bénévole», surtout compte tenu des accusations d'observateurs que dans certaines écoles du pays, les enfants étaient menacés de voir leurs résultats scolaires diminués si leurs parents n'allaient pas voter.

Les pâtisseries étaient en effet très peu chères dans les bureaux de scrutin.

Pour le haut taux de participation, la Mordovie a officiellement eu le taux de participation le plus élevé du pays avec 92,89%. Il est difficile d'évaluer à vue d'oeil dans quelques bureaux de vote le taux de participation...

Le candidat du pouvoir et vainqueur Dmitri Medvedev y a - toujours officiellement - obtenu 90,31% des voix.

J'ai observé plusieurs choses louches dans les bureaux de vote visités, dont des gens qui refusaient de s'identifier tout en rôdant autour des bureaux de scrutin et parlant avec les électeurs. J'ai aussi été témoins de plusieurs accusations de violation à la loi électorale, formulée par les communistes. Pour le reste, vous trouverez les explications dans mon article.

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