Écrite au lendemain d’une visite sur un toit du monde, enregistrée dans mon appartement varsovien, 23 et 24 juin 2007.
Il est cinq heures du matin sur le toit d’un monde sans limite. Il est trop tard pour dormir, trop tôt pour se réveiller. On ne peut être que ce que l’on est; exister parce qu’il n’y a rien de plus vrai à faire.
Il est cinq heures et des poussières, mais peu importe, car c’est nous qui forgeons le monde, qui ne peut plus tourner sans nous.
Il y en a des qui risquent leur vie, parce que ça rapproche de soi, le danger de se perdre, de gagner la mort.
Il y en a des qui risquent leur âme à dire vrai par-dessus vrai, à éclabousser leur entourage de profondeur d’esprit indécente.
Tout le monde est à vif dans ce morceau hors du temps de vie vivante, où la surenchère d’ouverture d’âme a fait tomber les armes et coulé les larmes qui avaient à couler.
On coule tellement qu’on touche le sommet parce qu’on a fait chavirer le monde à force de l’écouter nous laisser vivre.
L’engrenage qui nous mène sur le toit du monde qui nous appartient est aussi fortuit que fortuné. Car les morceaux de vie vivante ne peuvent être planifiés. Ils partent d’une phrase qui n’a pas besoin d’être dite et aboutissent à un déroulement qui se construit au fil des instincts de chacun et de l’instinct collectif d’une bande d’humains qui ont en commun l’imprévisibilité de leur avenir collectif.
On ne peut jamais prévoir une visite sur le toit du monde qui nous appartient. Son entrée est fermée à ceux qui sont conscients de vouloir y aller. Le chemin menant à cet espace-temps de vie vivante est inconnu et, surtout, aléatoire.
Il faut se laisser porter: à gauche par le hasard, tout droit avec la folie, à droite en toute spontanéité; errer à tâton inconsciemment à coup d’instinct.
Vivre. Vivre. Sur-vivre tout ce qui nous tombe sous la main. Profiter de notre surexistence temporaire au-dessus, en dehors d’un monde réel qui cherche partout ailleurs pour se comprendre, à en oublier de s’écouter soi-même.
Vivre ce qui doit l’être, le temps d’un non-temps, sur le toit de ce monde qui nous appartient parce qu’on a osé le revendiquer et prendre en main ce qu’il avait à nous offrir.
***
Et le temps passe. Il est dix heures du matin sur la terre ferme, nous sommes loques exténués, mais le plus important est que nous avons vécu.
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